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Articles publiés dans dans Journal of Climate

Anomalies de hauteur géopotentielle à 500 hPa (m, contours noirs), températures de l'air à 2 m au-dessus du sol (°C, couleurs) et vent à 10 m (m.s-1) moyennées sur la période du 14 au 20 mars 2022, par rapport à la moyenne 1979-2021. Data source: ERA5Une vague de « chaleur » exceptionnelle par son intensité et son extension spatiale est survenue en Antarctique Est du 15 au 19 mars 2022, avec des anomalies pouvant dépasser 30 °C et atteignant presque 40 °C sur une partie de la calotte glaciaire antarctique. Cet événement exceptionnel a été analysé en détail par un groupe de 54 co-auteurs travaillant dans 38 institutions de 15 pays. Les résultats viennent d’être publiés en ligne dans un article en deux parties dans Journal of Climate : la première partie s’intéresse aux données mesurées in situ pendant l’événement « chaud » et au contexte météorologique, la seconde partie aux impacts de cet événement sur la calotte, la cryosphère et l’environnement régional.

L’apport de l’équipe CRC de Biogéosciences a permis de mieux identifier les causes de cet événement. Quelques jours avant qu’il ne se produise, une activité convective très intense a eu lieu sur le sud-ouest de l’océan Indien. Elle a notamment impliqué deux cyclones tropicaux dans les environs de Madagascar et du canal de Mozambique, une phase très active de l’oscillation de Madden-Julian dans les tropiques, et des bandes nuageuses issues d’interactions tropicales-tempérées sur l’Afrique du Sud. Cette activité convective intense a libéré de grandes quantités d’humidité dans l’atmosphère, qui ont ensuite atteint les moyennes latitudes de l’hémisphère sud. Elles ont alors favorisé le développement d’un très fort blocage atmosphérique, qui a canalisé l’humidité et la chaleur des latitudes subtropicales et les a dirigées en direction de la calotte est-antarctique, menant ainsi à la formation d’une « rivière atmosphérique » d’une intensité inégalée depuis les débuts de l’instrumentation météorologique moderne en Antarctique. Les anomalies de température les plus élevées ont eu lieu au moment où cette « rivière atmosphérique » a atteint le plateau intérieur : des températures de l’ordre de -15 °C ont alors été enregistrées à Vostok ou à la station franco-italienne de Concordia (Dome C), alors que les températures attendues à cette période de l’année sont de -55 °C.

Deux impacts de cet événement concernent (i) la désintégration de la plateforme de glaces flottantes Conger, déjà fragilisée et qui a fini par céder sous l’effet de la forte houle provoquée par l’arrivée de la « rivière atmosphérique » près des côtes antarctiques, et (ii) des accumulations de neige de l’ordre de 40-50 Gt (gigatonnes) supérieures aux cumuls neigeux habituels à cette période de l’année. Cette accumulation résulte des chutes de neige importantes issues de l’apport soudain d’humidité dans ces régions ordinairement très froides et très sèches.

La période de retour estimée pour un tel événement varie de quelques dizaines à quelques centaines d’années, suggérant qu’une nouvelle vague de « chaleur » similaire est susceptible de survenir à nouveau au cours du 21e siècle, alors même que les effets du changement climatique d’origine anthropique deviennent de plus en plus prégnants dans cette région.

 

Références

Wille JD, SP Alexander, C Amory, R Baiman, L Barthélemy, DM Bergstrom, A Berne, H Binderb, J Blanchet, D Bozkurt, TJ Bracegirdle, M Casado, T Choi, KR Clem, F Codron, R Datta, S Di Battista, V Favier, D Francis, AD Fraser, E Fourré, RD Garreaud, C Genthon, IV Gorodetskaya, S González-Herrero, VJ Heinrich, G Hubert, H Joos, S-J Kim, JC King, C Kittel, A Landais, M Lazzara, GH Leonard, JL Lieser, M Maclennan, D Mikolajczyk, P Neff, I Ollivier, G Picard, B Pohl, MF Ralph, P Rowe, E Schlosser, CA Shields, IJ Smith, M Sprenger, L Trusel, D Udy, T Vance, É Vignon, C Walker, N Wever & X Zou (). The extraordinary March 2022 East Antarctica “heat” wave. Part I: observations and meteorological drivers. Journal of Climate, in press. doi:10.1175/JCLI-D-23-0175.1

Wille JD, SP Alexander, C Amory, R Baiman, L Barthélemy, DM Bergstrom, A Berne, H Binderb, J Blanchet, D Bozkurt, TJ Bracegirdle, M Casado, T Choi, KR Clem, F Codron, R Datta, S Di Battista, V Favier, D Francis, AD Fraser, E Fourré, RD Garreaud, C Genthon, IV Gorodetskaya, S González-Herrero, VJ Heinrich, G Hubert, H Joos, S-J Kim, JC King, C Kittel, A Landais, M Lazzara, GH Leonard, JL Lieser, M Maclennan, D Mikolajczyk, P Neff, I Ollivier, G Picard, B Pohl, MF Ralph, P Rowe, E Schlosser, CA Shields, IJ Smith, M Sprenger, L Trusel, D Udy, T Vance, É Vignon, C Walker, N Wever & X Zou (). The extraordinary March 2022 East Antarctica “heat” wave. Part II: impacts on the Antarctic ice sheet. Journal of Climate, in press. doi:10.1175/JCLI-D-23-0176.1

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Anomalies de hauteur géopotentielle à 500 hPa (m, contours noirs), températures de l'air à 2 m au-dessus du sol (°C, couleurs) et vent à 10 m (m.s-1) moyennées sur la période du 14 au 20 mars 2022, par rapport à la moyenne 1979-2021. Data source: ERA5Une vague de "chaleur" exceptionnelle par son intensité et son extension spatiale est survenue en Antarctique Est du 15 au 19 mars 2022, avec des anomalies pouvant dépasser 30 °C et atteignant presque 40 °C sur une partie de la calotte glaciaire antarctique. Cet événement exceptionnel a été analysé en détail par un groupe de 54 co-auteurs travaillant dans 38 institutions de 15 pays. Les résultats viennent d'être publiés en ligne dans un article en deux parties dans Journal of Climate : la première partie s'intéresse aux données mesurées in situ pendant l'événement "chaud" et au contexte météorologique, la seconde partie aux impacts de cet événement sur la calotte, la cryosphère et l'environnement régional.

L'apport de l'équipe CRC de Biogéosciences a permis de mieux identifier les causes de cet événement. Quelques jours avant qu'il ne se produise, une activité convective très intense a eu lieu sur le sud-ouest de l'océan Indien. Elle a notamment impliqué deux cyclones tropicaux dans les environs de Madagascar et du canal de Mozambique, une phase très active de l'oscillation de Madden-Julian dans les tropiques, et des bandes nuageuses issues d'interactions tropicales-tempérées sur l'Afrique du Sud. Cette activité convective intense a libéré de grandes quantités d'humidité dans l'atmosphère, qui ont ensuite atteint les moyennes latitudes de l'hémisphère sud. Elles ont alors favorisé le développement d'un très fort blocage atmosphérique, qui a canalisé l'humidité et la chaleur des latitudes subtropicales et les a dirigées en direction de la calotte est-antarctique, menant ainsi à la formation d'une "rivière atmosphérique" d'une intensité inégalée depuis les débuts de l'instrumentation météorologique moderne en Antarctique. Les anomalies de température les plus élevées ont eu lieu au moment où cette "rivière atmosphérique" a atteint le plateau intérieur : des températures de l'ordre de -15 °C ont alors été enregistrées à Vostok ou à la station franco-italienne de Concordia (Dome C), alors que les températures attendues à cette période de l'année sont de -55 °C.

Deux impacts de cet événement concernent (i) la désintégration de la plateforme de glaces flottantes Conger, déjà fragilisée et qui a fini par céder sous l'effet de la forte houle provoquée par l'arrivée de la "rivière atmosphérique" près des côtes antarctiques, et (ii) des accumulations de neige de l'ordre de 40-50 Gt (gigatonnes) supérieures aux cumuls neigeux habituels à cette période de l'année. Cette accumulation résulte des chutes de neige importantes issues de l'apport soudain d'humidité dans ces régions ordinairement très froides et très sèches.

La période de retour estimée pour un tel événement varie de quelques dizaines à quelques centaines d'années, suggérant qu'une nouvelle vague de "chaleur" similaire est susceptible de survenir à nouveau au cours du 21e siècle, alors même que les effets du changement climatique d'origine anthropique deviennent de plus en plus prégnants dans cette région.

 

Références

Wille JD, SP Alexander, C Amory, R Baiman, L Barthélemy, DM Bergstrom, A Berne, H Binderb, J Blanchet, D Bozkurt, TJ Bracegirdle, M Casado, T Choi, KR Clem, F Codron, R Datta, S Di Battista, V Favier, D Francis, AD Fraser, E Fourré, RD Garreaud, C Genthon, IV Gorodetskaya, S González-Herrero, VJ Heinrich, G Hubert, H Joos, S-J Kim, JC King, C Kittel, A Landais, M Lazzara, GH Leonard, JL Lieser, M Maclennan, D Mikolajczyk, P Neff, I Ollivier, G Picard, B Pohl, MF Ralph, P Rowe, E Schlosser, CA Shields, IJ Smith, M Sprenger, L Trusel, D Udy, T Vance, É Vignon, C Walker, N Wever & X Zou (). The extraordinary March 2022 East Antarctica “heat” wave. Part I: observations and meteorological drivers. Journal of Climate, in press. doi:10.1175/JCLI-D-23-0175.1

Wille JD, SP Alexander, C Amory, R Baiman, L Barthélemy, DM Bergstrom, A Berne, H Binderb, J Blanchet, D Bozkurt, TJ Bracegirdle, M Casado, T Choi, KR Clem, F Codron, R Datta, S Di Battista, V Favier, D Francis, AD Fraser, E Fourré, RD Garreaud, C Genthon, IV Gorodetskaya, S González-Herrero, VJ Heinrich, G Hubert, H Joos, S-J Kim, JC King, C Kittel, A Landais, M Lazzara, GH Leonard, JL Lieser, M Maclennan, D Mikolajczyk, P Neff, I Ollivier, G Picard, B Pohl, MF Ralph, P Rowe, E Schlosser, CA Shields, IJ Smith, M Sprenger, L Trusel, D Udy, T Vance, É Vignon, C Walker, N Wever & X Zou (). The extraordinary March 2022 East Antarctica “heat” wave. Part II: impacts on the Antarctic ice sheet. Journal of Climate, in press. doi:10.1175/JCLI-D-23-0176.1

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