séminaire du pôle évolution du vivant – vendredi 4 novembre 2011
Le gambit comportemental, le connaissez-vous ?
Luc-Alain Giraldeau, UQUAM, Montréal
vendredi 4 novembre 2011, à 11 heures, dans l’amphithéâtre Monge
Les écologistes du comportement empruntent aux écologistes de l’évolution la manière d’étudier la fonction adaptative du comportement. Ils tiennent alors le comportement pour un trait phénotypique semblable, par exemple, à un caractère biodémographique comme l’âge à la maturité, ou la taille du couvain. Les généticiens nous assurent qu’il est tout à fait possible d’étudier la fonction adaptative de ces phénotypes sans tenir compte des contraintes génétiques sous-jacentes : c’est le gambit phénotypique. Toutefois, alors que certains comportements correspondent exactement à ces phénotypes, par exemple une parade nuptiale ou un rituel de combat, ce n’est pas le cas de tous les comportements. Par exemple, le temps passé à exploiter une parcelle qu’on mesure pour étudier le théorème de la valeur marginale, la préférence exprimée pour un partenaire sexuel qu’on mesure pour comprendre l’évolution des caractères sexuels secondaires ne semblent pas correspondre à un phénotype puisqu’ils changent dans le temps au sein du même individu. Ces comportements sont donc l’expression d’une décision et c’est plutôt la règle de décision et non le comportement qui en découle qui à proprement parler est le phénotype. En poursuivant néanmoins d’étudier le comportement exprimé plutôt que de la règle de décision, l’écologiste du comportement suppose que l’on peut faire abstraction des contraintes des règles de décisions pour comprendre l’évolution du comportement : il commet sans le savoir le gambit comportemental. Pourtant, contrairement aux généticiens qui nous confortent dans le gambit phénotypique, il existe bien peu de raisons de croire que le gambit comportemental est raisonnable. À partir des mes recherches sur l’approvisionnement social de petits oiseaux en groupes je montre l’importance d’étudier la règle de décision plutôt que le comportement qui en découle.
- extrait:
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- titre:
- Le gambit comportemental, le connaissez-vous ?
- intervenant:
- Luc-Alain Giraldeau
- date:
- vendredi 4 novembre 2011
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Le gambit comportemental, le connaissez-vous ?
Luc-Alain Giraldeau, UQUAM, Montréal
vendredi 4 novembre 2011, à 11 heures, dans l'amphithéâtre Monge
Les écologistes du comportement empruntent aux écologistes de l’évolution la manière d’étudier la fonction adaptative du comportement. Ils tiennent alors le comportement pour un trait phénotypique semblable, par exemple, à un caractère biodémographique comme l’âge à la maturité, ou la taille du couvain. Les généticiens nous assurent qu’il est tout à fait possible d’étudier la fonction adaptative de ces phénotypes sans tenir compte des contraintes génétiques sous-jacentes : c’est le gambit phénotypique. Toutefois, alors que certains comportements correspondent exactement à ces phénotypes, par exemple une parade nuptiale ou un rituel de combat, ce n’est pas le cas de tous les comportements. Par exemple, le temps passé à exploiter une parcelle qu’on mesure pour étudier le théorème de la valeur marginale, la préférence exprimée pour un partenaire sexuel qu’on mesure pour comprendre l’évolution des caractères sexuels secondaires ne semblent pas correspondre à un phénotype puisqu’ils changent dans le temps au sein du même individu. Ces comportements sont donc l’expression d’une décision et c’est plutôt la règle de décision et non le comportement qui en découle qui à proprement parler est le phénotype. En poursuivant néanmoins d’étudier le comportement exprimé plutôt que de la règle de décision, l’écologiste du comportement suppose que l’on peut faire abstraction des contraintes des règles de décisions pour comprendre l’évolution du comportement : il commet sans le savoir le gambit comportemental. Pourtant, contrairement aux généticiens qui nous confortent dans le gambit phénotypique, il existe bien peu de raisons de croire que le gambit comportemental est raisonnable. À partir des mes recherches sur l’approvisionnement social de petits oiseaux en groupes je montre l’importance d’étudier la règle de décision plutôt que le comportement qui en découle.