Article d’Alexandre Pohl publié dans Nature
Aux origines de la biodiversité dans nos océans, la stabilité environnementale
Les données paléontologiques suggèrent que la biodiversité dans les océans n’a fait qu’augmenter au cours des 200 derniers millions d’années, pour atteindre un niveau sans précédent dans l’histoire de la vie sur Terre. Néanmoins, la véracité de cette tendance à long-terme est débattue : ne refléterait-elle pas simplement une base de données paléontologique de plus en plus complète au cours des temps géologiques ? D’après un article publié dans la revue Nature par une équipe de recherche internationale, ce maximum de biodiversité serait une conséquence attendue de l’évolution géologique, et notamment de la stabilité des conditions environnementales.
La vie complexe s’est développée dans les océans il y a environ 550 millions d’années, avant de subir des phases de biodiversification et des extinctions de masse. À l’échelle des temps géologiques, la biodiversité marine aurait connu une augmentation quasi-continue au cours 200 derniers millions d’années, pour atteindre un niveau sans précédent dans l’histoire de la vie sur Terre. Si cette tendance est bien documentée dans la base de données paléontologique, la question persiste de savoir si elle reflète la réalité, ou simplement un biais de la base de données dont la qualité s’améliorerait au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’actuel.
Les résultats obtenus par les chercheurs espagnols Pedro Cermeño et Carmen Garcìa-Comas (Instituto de ciencias del mar, Barcelona), et leur équipe internationale de collaborateurs, y-compris le chercheur du CNRS Alexandre Pohl (Biogéosciences, Dijon, France), suggèrent que cette augmentation à long-terme de la biodiversité marine serait une réalité. Dans leur modèle novateur, qui simule l’évolution de la biodiversité dans les océans au cours des 550 derniers millions d’années, cette biodiversification est le fruit de la stabilité de « points chauds » de la biodiversité marine – des régions caractérisées par un nombre particulièrement élevé d’espèces.
Dans le modèle, la biodiversité océanique est dictée par l’évolution de la configuration des continents et les changements climatiques. Une force de ce modèle est qu’il offre une reconstruction de l’évolution de la biodiversité dans le temps et dans l’espace qui, contrairement au registre paléontologique, est exempt de tout biais d’échantillonnage. L’augmentation de la biodiversité simulée au cours des 200 derniers millions d’années résulte de la stabilité des conditions environnementales.
« Ce modèle numérique est très puissant, puisqu’il permet par exemple d’explorer l’évolution qu’aurait pu décrire la biodiversité océanique si certaines des extinctions de masse ne s’étaient jamais produites, ou si elles avaient eu lieu à un autre moment dans l’histoire géologique », nous explique Pedro Cermeño.
Les perturbations du système terrestre par les activités humaines ont amené à ce que les experts désignent déjà sous le terme de « sixième extinction de masse » de la vie sur Terre. D’après les Nations Unies, autant d’espèces ont disparu au cours du dernier siècle qu’il serait attendu en 10 000 ans d’évolution normale. De plus, 25 % des espèces sont aujourd’hui identifiées comme étant en danger d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
« Notre étude souligne que si la tendance actuelle se poursuit, cela pourrait prendre des millions d’années à notre planète pour récupérer de la perte de biodiversité attendue, potentiellement au-delà même de notre propre existence en tant qu’espèce » concluent les auteurs.
Vidéo
Référence
Cermeño, P., García-Comas, C., Pohl, A., Williams, S., Benton, M.J., Chaudhary, C., Le Gland, G., Müller, R.D., Ridgwell, A., and Vallina, S.M. 2022. Post-extinction recovery of the Phanerozoic oceans and biodiversity hotspots. Nature (doi: 10.1038/s41586-022-04932-6).
Contacts communication
ICM Divulga – (+34) 93 230 95 05 – icmdivulga@icm.csic.es
Alexandre Pohl – 07 70 00 27 96 – alexandre.pohl@u-bourgogne.fr
Contacts chercheurs
Pedro Cermeño – +34 93 230 9500, +34 652557340) – pedrocermeno@icm.csic.es
Carmen Garcìa-Comas – +34 603042879 – cgcomas@icm.csic.es
Alexandre Pohl – 07 70 00 27 96 – alexandre.pohl@u-bourgogne.fr
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Aux origines de la biodiversité dans nos océans, la stabilité environnementale
Les données paléontologiques suggèrent que la biodiversité dans les océans n’a fait qu’augmenter au cours des 200 derniers millions d’années, pour atteindre un niveau sans précédent dans l’histoire de la vie sur Terre. Néanmoins, la véracité de cette tendance à long-terme est débattue : ne refléterait-elle pas simplement une base de données paléontologique de plus en plus complète au cours des temps géologiques ? D’après un article publié dans la revue Nature par une équipe de recherche internationale, ce maximum de biodiversité serait une conséquence attendue de l’évolution géologique, et notamment de la stabilité des conditions environnementales.
La vie complexe s’est développée dans les océans il y a environ 550 millions d’années, avant de subir des phases de biodiversification et des extinctions de masse. À l’échelle des temps géologiques, la biodiversité marine aurait connu une augmentation quasi-continue au cours 200 derniers millions d’années, pour atteindre un niveau sans précédent dans l’histoire de la vie sur Terre. Si cette tendance est bien documentée dans la base de données paléontologique, la question persiste de savoir si elle reflète la réalité, ou simplement un biais de la base de données dont la qualité s’améliorerait au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’actuel.
Les résultats obtenus par les chercheurs espagnols Pedro Cermeño et Carmen Garcìa-Comas (Instituto de ciencias del mar, Barcelona), et leur équipe internationale de collaborateurs, y-compris le chercheur du CNRS Alexandre Pohl (Biogéosciences, Dijon, France), suggèrent que cette augmentation à long-terme de la biodiversité marine serait une réalité. Dans leur modèle novateur, qui simule l’évolution de la biodiversité dans les océans au cours des 550 derniers millions d’années, cette biodiversification est le fruit de la stabilité de « points chauds » de la biodiversité marine – des régions caractérisées par un nombre particulièrement élevé d’espèces.
Dans le modèle, la biodiversité océanique est dictée par l’évolution de la configuration des continents et les changements climatiques. Une force de ce modèle est qu’il offre une reconstruction de l’évolution de la biodiversité dans le temps et dans l’espace qui, contrairement au registre paléontologique, est exempt de tout biais d’échantillonnage. L’augmentation de la biodiversité simulée au cours des 200 derniers millions d’années résulte de la stabilité des conditions environnementales.
« Ce modèle numérique est très puissant, puisqu’il permet par exemple d’explorer l’évolution qu’aurait pu décrire la biodiversité océanique si certaines des extinctions de masse ne s’étaient jamais produites, ou si elles avaient eu lieu à un autre moment dans l’histoire géologique », nous explique Pedro Cermeño.
Les perturbations du système terrestre par les activités humaines ont amené à ce que les experts désignent déjà sous le terme de « sixième extinction de masse » de la vie sur Terre. D’après les Nations Unies, autant d’espèces ont disparu au cours du dernier siècle qu’il serait attendu en 10 000 ans d’évolution normale. De plus, 25 % des espèces sont aujourd’hui identifiées comme étant en danger d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
« Notre étude souligne que si la tendance actuelle se poursuit, cela pourrait prendre des millions d’années à notre planète pour récupérer de la perte de biodiversité attendue, potentiellement au-delà même de notre propre existence en tant qu’espèce » concluent les auteurs.
Vidéo
https://youtu.be/2hFdt4SFjQ8
Référence
Cermeño, P., García-Comas, C., Pohl, A., Williams, S., Benton, M.J., Chaudhary, C., Le Gland, G., Müller, R.D., Ridgwell, A., and Vallina, S.M. 2022. Post-extinction recovery of the Phanerozoic oceans and biodiversity hotspots. Nature (doi: 10.1038/s41586-022-04932-6).
Contacts communication
ICM Divulga – (+34) 93 230 95 05 – icmdivulga@icm.csic.es
Alexandre Pohl – 07 70 00 27 96 – alexandre.pohl@u-bourgogne.frContacts chercheurs
Pedro Cermeño – +34 93 230 9500, +34 652557340) – pedrocermeno@icm.csic.es
Carmen Garcìa-Comas – +34 603042879 – cgcomas@icm.csic.es
Alexandre Pohl – 07 70 00 27 96 – alexandre.pohl@u-bourgogne.fr